1er juin - St Georges la Rivière / Denneville

Publié le par ARTEMIS - Art Thème Histoire

Après une journée de près de 30km, nous sommes contents de nous lever le matin avec une courte étape en perspective : une petit quinzaine de kilomètres, de quoi nous reposer !

Le temps de se préparer et de prendre le petit-déjeuner, François nous dépose à St Georges la Rivière pour nous éviter d’avoir à refaire la route goudronnée si cassante pour les pieds que nous avons parcouru hier en fin de chemin. Nous reprenons notre route sur la plage, en direction de Portbail, où nous prévoyons de nous arrêter manger ce midi.

Nous marchons d’un bon pas, dépassant un groupe de randonneurs interloqués et curieux de notre tenue, et à qui nous répondons tout en avançant car nous ne voulons pas perdre trop de temps… Nous parvenons vite au Havre de Portbail, et là deux solutions s’offrent à nous : tenter de traverser tant que la marée est basse, ou bien aller jusqu’à la petite ville pour nous y poser vraiment le temps du repas, même si cela représente un détour. C’est la seconde option que nous choisissons, pour aller voir au moins à quoi ressemble le bourg, et puis, pourquoi pas, s’y enquérir d’une petite gourmandise glacée à se mettre sous la dent… Comment çela, la gourmandise serait un péché qui demande pénitence ?!

Ceci dit, c’est bien beau d’avoir choisi d’aller en ville, encore faut-il en trouver le chemin, et une fois remontés de la plage dans les hautes herbes, nos experts en matière d’itinéraire restent un peu dubitatifs… Mais quelle est cette voix qui nous interpelle « Vous êtes des pèlerins ? » ? Un monsieur bien équipé pour aller à la pêche à pied marche vers nous dans les hautes herbes, et s’adresse à nous avec le sourire. Nous entamons la discussion, lui racontant notre aventure. Ce monsieur, c’est Gilles LAISNE, il est à la fois artisan bijoutier dans le centre de Portbail et archéologue. Alors bien entendu, la ville au Moyen Age, il la connaît « un peu ». Il nous raconte l’histoire du lieu, le résultat des fouilles qu’il a pu faire, l’importance alors de la pêche à pied et des ressources halieutiques. Il nous conseille de goûter les patelles (les pieds bleus, choisies petites, les meilleures selon lui), dont il nous explique la plus simple des recettes, cuites sur le feu dans leur coquille... Nous pourrions rester longtemps à discuter ainsi ! Mais le temps passe, il nous faut marcher. Nous pensons tout de même à lui demander notre route pour entrer en ville, et nous repartons de bons pieds !

Sur le chemin, nous observons toujours très attentivement la végétation, et c’est une bonne idée car nous croisons là nombre d’orchidées sauvages, délicates porcelaines rosées. Instants de contemplation… Puis nous entrons dans la petite ville par la même route que les voitures, sur le pont : ce n’est pas forcément très pratique mais il n’y a guère de moyen de faire autrement en raison du havre…

Tiens, mais François nous attends près de l’église ! Les randonneurs que nous avions doublés sur la plage sont déjà là eux aussi, à nous invectiver avec humour ! Ils ont pris un raccourci, et n’ont pas discuté, eux ! Le moment est simple et convivial. L’église est magnifique, dans sa rudesse de granit, et elle nous tend les bras. Nous y entrons pour aller saluer la statue de St Jacques qui semblait nous y attendre… Presque grandeur nature, il ne lui manque que sn bourdon. Peut-être un pèlerin désarmé lui a-t-il un jour emprunté ?...

Nous marchons ensuite jusqu’à la place du marché pour nous y installer et nous restaurer. Nous voyons là l’échoppe de Gilles LAISNE, qui fait en effet de bien beaux bijoux en argent coulé dans des moules en os de sèche.
Des passants nous posent des questions, nous interpellent, c’est intéressant. Sauf lorsqu’un certain grincheux parisien trouve que St Michel, ce n’est pas un vrai pèlerinage, et que lui l’a fait, le « vrai », Compostelle. Nous ne répliquons rien, nous nous disons juste qu’il lui reste quelques ouvrages à aller relire, et encore à cheminer longtemps sur la voie de l’ouverture et de l’humilité… !

Pour ce qui est de notre chemin à nous, ceci dit, nous voici en mauvaise posture car nous cédons comme prévu à la gourmandise en mangeant une glace avant de repartir, et François cherche à nous persuader que nous devrions faire pénitence en repartant 5km en arrière !...

Nous repartons tout de même dans la bonne direction, pour finir de contourner le havre. Le paysage a encore changé, nous voici dans les zones marécageuses et les prés salins… Nous allons maintenant couper par la campagne pour gagner Denneville, sans plus suivre le bord de mer : nous la reverrons demain ! Les chemins sont faciles, le soleil est là, nous sentons déjà la fin de l’étape s’approcher.

Nous parvenons enfin à notre village d’étape après avoir croisé de bien joli bâtiments, et un beau four banal qui fait bien envie à Isabelle et Didier. Nous passons alors devant une petite boutique d’alimentation et quelle n’est pas notre surprise : une affichette en couleur annonce à tous les passants notre venue à Denneville pour une veillée sur le thème du Moyen Age. Nicolas et Soline ont même leur portrait dessus ! Incroyable, improbable, nous sommes attendus comme nous ne nous y attendions pas !
Puisque c’est près de l’église qu’est notre rendez-vous, nous nous installons sur le muret pour nous délasser, attendant notre hôte.
François arrive entre temps, nous lançant sur la quête, autour de l’église, d’une pierre tombale d’un pèlerin du XVIe s. sur laquelle on peut voir encore un bourdon et une besace. Nous nous égayons tous dans le cimetière, mais non ! Elle est près de la grille d’entrée, à la verticale… ! Nous en profitons aussi pour aller visiter l’église, parée de magnifiques fresques des Quatre Evangélistes aux couleurs pastel, qui décorent la voûte du croisillon nord depuis le XVIe s.…
Nous nous enquerrons également de la salle St Hélier, mais nous n’osons y aller vraiment : une fête de famille se déroule juste à côté, nous n’osons perturber… Mais Daniel LEMOINE arrive enfin, nous allons pouvoir nous poser, faire le menu bricolage nécessaire, la lessive, la couture, etc.

M. LEMOINE, Président de l'Amicale St Hélier a discuté avec M. le Maire pour que nous ayons accès à la salle de répétition de l’association, gracieusement mise à notre disposition avec point d’eau et facilités pour la cuisine. Il craignait que le sol en carrelage ne soit trop dur pour nous, mais nous le tranquillisons vite : nous y serons vraiment très bien ! Il nous laisse nous installer, nous occuper de nos petites affaires, il reviendra un peu plus de 2h plus tard, avec tous les invités.

Nous voici donc tranquilles, au frais dans cette salle municipale, protégés de la chaleur et des regards curieux des familles en fête dans la salle à côté. Nicolas peut enfin réparer les chaussures. Chacun fait sa petite lessive, Soline sort de quoi terminer de coudre le petit pourpoint en lin à manches courtes de Nicolas. Puis une fois les chaussures faites, Nicolas commence à percer les coques pour qu’elles puissent être cousues. Travail ardu, les coquillages ne résistent pas tous, quel dommage ! Soline peut pourtant fixer la sienne, ainsi que le petit bourdon miniature, sur sa besace en cuir rouge toute neuve… Elle coud celle de Nicolas, fêlée mais pas cassée, sur son chapeau de feutre noir, avec le bourdon également… Chacun s’affaire à sa manière…Isabelle termine les braies de Didier, puis soigne ses pieds à elle et ses pieds à lui. Didier est en effet inquiet, une grosse ampoule lui fait très mal, ce qui lui arrive pourtant rarement. Il faut percer, nettoyer, et puis attendre, voir l’évolution demain…

Mais voici les invités qui arrivent, il est donc déjà l’heure ! Que le temps de repos passe vite ! Et pour cette soirée, comme promis lors des premiers contacts, quelle fête les habitants de Denneville, membres de l’Amicale, nous font !!... Nous en sommes touchés et surpris ! Ils nous Accueillent avec un grand A, pour un repas en commun après nous avoir gentiment laissé le temps de nous reposer, tous les membres de leur association amenant quelque chose pour le banquet, qui à manger, qui à boire. Les tables sont parées de nappes, décorées, on nous installe à la place d’honneur, pour présider ce repas, et chacun viens, avec simplicité, nous dire un petit mot, nous demander des explications, etc.

Les plats défilent devant nos yeux, emplissent nos estomacs, font tourner nos têtes, tant de profusion ! Charcuteries variées, fromages au choix, et desserts à volonté, arrosés de cidre de pays. C’est l’occasion aussi de discussions et d’échanges ! Daniel LEMOINE nous présente son association, leurs objectifs, leurs activités, et nous faisons de même. Puis nous présentons chacun notre tour notre tenue de pèlerin, emmenant l’auditoire pour un petit voyage au XVe s. le temps d’une soirée inattendue…

Mais il nous faut également être en forme demain pour reprendre le route, aussi la veillée se termine, tous repartent peu à peu, nous remercient, nous encouragent. Ils repartent non sans avoir signé un petit livre d’or préparé par Daniel LEMOINE à notre attention, y ayant tous mis un petit mot d’amitié que nous conserverons précieusement. Ils nous laissent également des victuailles pour nos repas du lendemain, et c’est avec émotion qu’ils nous abandonnent à notre nuit de repos… Mille mercis à vous tous !

Laurence est venue rechercher François pour la nuit, il nous laisse le van et les consignes, on se retrouvera en fin de journée le lendemain…

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